4.4 L’ère des grands magasins

photographe d'Émile Zola
Autoportrait d’Émile Zola

Émile Zola était écrivain et journaliste français, né le 2 avril 1840 à Paris, où il est mort le 29 septembre 1902. Considéré comme le chef de file du naturalisme, c’est l’un des romanciers français les plus populaires, les plus publiés, traduits et commentés au monde.

Il est principalement connu pour Les Rougon-Macquart, fresque romanesque en vingt volumes dépeignant la société française sous le Second Empire et qui met en scène la trajectoire de la famille des Rougon-Macquart, à travers ses différentes générations.

La parution du roman se situe au début de la Troisième République pendant laquelle le Baron Haussman un homme politique qui a encadré des travaux pour moderniser Paris, qui ont conduit à une grande transformation de la capitale. Un nouveau système de vente dans le domaine textile naît, favorisé par une concentration importante d’une population bourgeoise. La mise en place de la Troisième République laisse espérer un progrès social dont les bénéficiaires seraient les petits employés.

Exercice A. Compréhension du texte

Son roman Au Bonheur des Dames a été publié en 1883. À travers une histoire sentimentale, le roman entraîne le lecteur dans le monde des grands magasins, l’une des innovations du Second Empire. L’action se déroule entre 1864 et 1869. Arrivée à Paris avec ses frères pour travailler dans le petit magasin de son oncle, Denise Baudu prend rapidement conscience que l’emploi n’existe que dans les grands magasins. Les petits magasins ne peuvent pas rivaliser avec les grands magasins, surtout quand la construction du Bonheur des Dames, un grand magasin de prêt-à-porter féminin secoue le voisinage.

Lisez l’extrait de Au Bonheur des Dames et puis répondez aux questions qui suivent.

Des mois se passèrent. […] et la tristesse augmentait chez les Baudu. Les travaux d’en face étaient un continuel tourment qui avivait leur malchance. Même lorsqu’ils avaient une heure d’espoir, une joie inattendue, il suffisait du fracas d’un tombereau de briques, de la scie d’un tailleur de pierres ou du simple appel d’un maçon, pour la leur gâter aussitôt. Tout le quartier, d’ailleurs, en était secoué. De l’enclos de planches longeant et embarrassant les trois rues, sortait un branle d’activité fiévreuse. Bien que l’architecte se soit servi des constructions existantes, il les ouvrait de toutes parts, pour les aménager. […] Maintenant, les murs s’élevaient au premier étage ; des échafauds, des tours de charpentes, enfermaient l’île entière ; sans arrêt, on entendait le grincement des treuils qui montaient les pierres de taille, le déchargement brusque des planchers de fer, la clameur de ce peuple d’ouvriers, accompagnée du bruit des pioches et des marteaux. Mais, par-dessus tout, ce qui assourdissait les gens, c’était la trépidation des machines ; tout marchait à la vapeur, des sifflements aigus déchiraient l’air; tandis que, au moindre coup de vent, un nuage de plâtre s’envolait et s'abattait sur les toitures environnantes, ainsi qu’une tombée de neige. Les Baudu désespérés regardaient cette poussière implacable pénétrer partout, traverser les boiseries les mieux closes, salir les étoffes de la boutique, se glisser jusque dans leur lit ; et l’idée qu’ils la respiraient quand même, qu’ils finiraient par en mourir, leur empoisonnait l’existence.

Du reste, la situation allait empirer encore. En septembre, l’architecte, craignant de ne pas être prêt, se décida à faire travailler la nuit. […] Alors, les Baudu, exaspérés, durent même renoncer à fermer les yeux ; ils étaient secoués dans leur alcôve, les bruits se changeaient en cauchemars, dès que la fatigue les engourdissait. Puis, s’ils se levaient pieds nus, pour calmer leur fièvre, et s’ils venaient soulever un rideau, ils restaient effrayés devant la vision du Bonheur des Dames flambant au fond des ténèbres, comme une forge colossale, où se forgeait leur ruine. Au milieu des murs, à moitié construits, troués de baies vides, les lampes électriques jetaient de larges rayons bleus, d’une intensité aveuglante. Deux heures du matin sonnaient, puis trois heures, puis quatre heures. Et, dans le sommeil pénible du quartier, le chantier agrandi par cette clarté lunaire, devenu colossal et fantastique, grouillait d’ombres noires, d’ouvriers retentissants, dont les profils gesticulaient, sur la blancheur crue des murailles neuves.

L’oncle Baudu l’avait dit, le petit commerce des rues voisines recevait le coup le plus terrible qu’ils aient connu. Chaque fois que le Bonheur des Dames créait des rayons nouveaux, c’étaient de nouveaux écroulements, chez les boutiquiers des alentours. Le désastre s’élargissait, on entendait craquer les plus vieilles maisons. Mlle Tatin, la lingère du passage Choiseul, venait d’être déclarée en faillite ; Quinette, le gantier, en avait à peine pour six mois ; les fourreurs Vanpouille étaient obligés de sous-louer une partie de leurs magasins. […] C’était fini, il fallait plier l'échine : après ceux-là, d’autres encore seraient balayés, et il n’y avait plus de raison pour que tous les commerces ne n’aient été tour à tour chassés de leurs comptoirs. Le Bonheur seul, un jour, couvrirait le quartier de sa toiture.

Choisissez la bonne réponse.

Exercice B. Analyse grammaticale

Étape 1

Choisissez la bonne phrase pour réviser l’usage du subjonctif passé.

Étape 2

Choisissez la bonne phrase pour réviser l’usage du superlatif.

Exercice C. Vérification de grammaire I

Étape 1

Ces verbes sont dans le texte. Donnez l’infinitif :

Étape 2

Étape 3

Choisissez le verbe logique entre parenthèses et conjuguez-le au subjonctif passé.

Exercice D. Revenons au texte

Après avoir lu le texte, répondez à ces questions avec un ou une partenaire.

  1. Est-ce que les travaux pour construire le magasin Au Bonheur des Dames sont finis ? Justifiez votre réponse.
  2. Quels sont les différents problèmes posés par la poussière des travaux ?
  3. Pour quelles raisons est-ce que les Baudu ne peuvent pas dormir ?
  4. Que se passe-t-il pour les petits commerces ?

Exercice E. Revenons à la grammaire

Remplissez les blancs avec le verbe entre parenthèses conjugué à l’indicatif ou au subjonctif, selon le sens de la phrase. En plus, faites attention au temps du verbe !

Exercice F. Bavardons !

Répondez à ces questions avec un ou une partenaire.

  1. En général, est-ce que vous tolérez facilement les travaux (vers chez vous, sur la route…) ?
  2. Comme Denise est chez son oncle Baudu au début du roman, est-ce que vous avez déjà travaillé avec ou pour votre famille ? Si oui, comment cela s’est-il passé ? Est-ce que vous pensez que c’est généralement une bonne idée de travailler avec sa famille ? Expliquez votre réponse.
  3. Est-ce que vous-même vous allez plus souvent dans les grands magasins ou dans les petits commerces ? Pourquoi ? Quels sont les avantages de chacun ? Est-ce que vous avez déjà travaillé dans l’un et ou l’autre ? Si oui, quelle était votre expérience ?
  4. La compétition des grands magasins contre les petits commerces dont on parle aujourd’hui était déjà présente au XIXe siècle. Selon vous, le fait que cette rivalité existe déjà depuis plus d’un siècle, et qu’aujourd’hui les petits commerces existent encore, vous donne-t-il de l’espoir pour l’avenir des petits commerces ou est-ce que cela montre plutôt une évolution grandissante vers la fin des petits commerces ? Expliquez votre opinion.
  5. Le texte d’introduction avant ce passage mentionne que les grands magasins du XIXe siècle font « espérer un progrès social dont les bénéficiaires seraient les petits employés » comme Denise, bien que le commerce de son oncle Baudu souffre de la compétition. Pensez-vous que ce progrès social vaut la peine de mettre en péril les petits commerces ou non ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
  6. Pouvez-vous pensez à une solution pour améliorer la complémentarité des grands magasins et des petits commerces ?

Exercice G. Vérification de grammaire II

Remplissez les blancs avec le verbe entre parenthèses conjugué à l’indicatif ou au subjonctif, ou utilisez l’infinitif, selon le sens de la phrase. En plus, faites attention au temps du verbe !

Exercice H. Pratiquons !

Répondez à ces questions avec un ou une partenaire.

  1. Quel est le magasin le plus mémorable que vous ayez visité dans votre vie ? Décrivez cette expérience.
  2. Quels éléments de commerce, de marketing, et cetera…ont fonctionné par le passé pour que vous soyez devenu ou devenue un client régulier ou une cliente régulière d’un magasin ou d’une marque ?
  3. Quel est le monument ou l’immeuble le plus haut dans lequel vous soyez monté ou montée ?
  4. Est-ce que, pour vous, il était important que votre premier appartement ait été rénové ou non ? Qu’est-ce qui était le plus nécessaire pour vous ?
  5. Est-ce que vous regrettez que certains endroits dans votre ville natale soient devenus plus urbanisés ou aient beaucoup changé ? Lesquels et pourquoi ?
  6. D’autre part, est-ce que vous auriez préféré qu’il y ait eu plus de projets d’urbanisme pour développer votre ville natale quand vous étiez plus jeune ? Lesquels et pourquoi ?
  7. Si une agence promouvait le patrimoine de votre ville ou de votre état natal, quels éléments voudriez-vous qu’ils promeuvent dans leur campagne ?

Exercice I. Bavardons et écrivons !

Dispositif anti-SDF installé sur le perron d'un immeuble du sixième arrondissement de Marseille. Les boulons vissés dans la pierre dissuadent toute personne de s'installer devant la porte qui reste close la plupart du temps. Un banc avec un paravent au milieu.

Étape 1

Dans certaines villes en France, des maires ou des mairesses décident de mettre du mobilier urbain comme sur les photos ci-dessus pour que les personnes sans abri ne puissent pas s’y installer. De nombreuses pétitions ont été créées contre ce type d’installations qui, selon les auteurs des pétitions, sont hostiles aux personnes SDF.

  1. Avec un ou une partenaire, discutez de cette situation. Un de vous doit trouver au moins 2 points pour et l’autre doit trouver 2 contre concernant ce mobilier urbain.
  2. Discuter d’autres approches et solutions que vous connaissez (aux États-Unis ou ailleurs) qui tentent de limiter le nombre de sans-abris dans les espaces publics.
  3. Essayez de présenter des points importants pour vous au sujet de cette question (des points pratiques, éthiques, économiques, sociétaux, esthétiques…).

Étape 2

Écrivez un texte dans lequel vous imaginez avoir fait un stage dans une entreprise d’urbanisme. Vous devez écrire un rapport sur la façon dont les urbanistes souhaitaient aider les villes à réduire le nombre de sans-abri, en utilisant des dispositifs similaires à ceux dans les photos.

En utilisant le subjonctif passé quand nécessaire, racontez votre expérience et vos pensées sur ces dispositifs. Puis, après avoir établi le pour et le contre de ce type d’installations, donnez votre propre opinion sur la meilleure façon d’aider les villes à réduire le nombre de sans-abris dans les espaces publics tout en traitant les personnes SDF sans hostilité, afin de faire un compromis entre les objectifs des villes mais aussi des auteurs de pétitions.

Créé par Clarisse Barbier Lee et Danielle Schablitsky
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