2.3 L’optimisme face au rejet et à la charité d’autrui

un portrait de Voltaire
Portrait de Voltaire, détail

Voltaire est écrivain et philosophe français, qui naquit en 1694 et mourut en 1778. Voltaire est auteur majeur du mouvement des Lumières.

Candide, ou l’Optimisme est un conte philosophique très ironique et satirique qui raconte l’histoire de Candide, un jeune garçon vivant au château du baron de Thunder-ten-tronckh. Il a pour professeur Pangloss, qui disait, comme le philosophe Leibniz, que l’on vit dans le meilleur des mondes possibles — la philosophie leibnizienne est cependant déformée dans ce que dit Pangloss. Candide est un jour chassé du château à la suite d’un baiser interdit échangé avec Cunégonde, la fille du Baron. Candide découvre alors que le monde est plein de souffrance, sur les chemins d’un long voyage initiatique.

Candide s’inscrit dans un débat important du XVIIIe siècle sur le fatalisme et l’existence du Mal. Pour Leibniz, Dieu est parfait, le monde ne peut pas l’être mais Dieu l’a créé le meilleur possible.

Voltaire est farouchement opposé aux idées de Leibniz et voit dans cette philosophie un encouragement au fatalisme. La critique de l’optimisme est le principal thème du conte : les aventures du héros tendent à prouver que l’on a tort de croire que notre monde est le meilleur des mondes possibles.

Exercice A. Compréhension du texte

Dans cet extrait de Candide, Candide traverse une zone de guerre entre deux royaumes ennemis, les Bulgares et les Abares. Lisez l’extrait et puis répondez aux questions.

Rien n’était si beau, si leste, si brillant, si bien ordonné que les deux armées. Les trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours, les canons; formaient une harmonie telle qu’il n’y en eut jamais en enfer. […] Enfin, tandis que les deux rois f[ai]saient chanter des Te Deum, chacun dans son camp, [Candide] prit le parti d’aller raisonner ailleurs des effets et des causes. Il passa par-dessus des tas de morts et de mourants, et gagna d’abord un village voisin; il était en cendres. […] Candide s’enfuit au plus vite dans un autre village: il appartenait à des Bulgares, et les héros abares l’avaient traité de même. Candide, toujours marchant sur des membres palpitants ou à travers des ruines, arriva enfin hors du théâtre de la guerre, portant quelques petites provisions dans son bissac, et n’oubliant jamais mademoiselle Cunégonde. Ses provisions lui manquèrent quand il fut en Hollande; mais ayant entendu dire que tout le monde était riche dans ce pays-là, et qu’on y était chrétien, il ne douta pas qu’on ne le traitât aussi bien qu’il l’avait été dans le château de M. le baron, avant qu’il en eût été chassé pour les beaux yeux de mademoiselle Cunégonde.

Il demanda l’aumône à plusieurs graves personnages, qui lui répondirent tous que, s’il continuait à faire ce métier, on l’enfermerait dans une maison de correction pour lui apprendre à vivre. Il s’adressa ensuite à un homme qui venait de parler tout seul une heure de suite sur la charité dans une grande assemblée. Cet orateur le regardant de travers lui dit: Que venez-vous faire ici ? y êtes-vous pour la bonne cause ? Il n’y a point d’effet sans cause, répondit modestement Candide; tout est enchaîné nécessairement et arrangé pour le mieux. Il a fallu que je fusse chassé d’auprès de mademoiselle Cunégonde, que j’aie passé par les baguettes, et il faut que je demande mon pain, jusqu’à ce que je puisse en gagner; tout cela ne pouvait être autrement. Mon ami, lui dit l’orateur, croyez-vous que le pape soit l’antéchrist ? Je ne l’avais pas encore entendu dire, répondit Candide: mais qu’il le soit, ou qu’il ne le soit pas, je manque de pain. Tu ne mérites pas d’en manger, dit l’autre: va, coquin, va, misérable, ne m’approche de ta vie. […]

Un homme qui n’avait point été baptisé, un bon anabaptiste, nommé Jacques, vit la manière cruelle et ignominieuse dont on traitait ainsi un de ses frères, un être à deux pieds sans plumes, qui avait une âme ; il l’amena chez lui, le nettoya, lui donna du pain et de la bière, lui fit présent de deux florins, et voulut même lui apprendre à travailler dans ses manufactures aux étoffes de Perse qu’on fabrique en Hollande. Candide se prosternant presque devant lui, s’écriait: Maître Pangloss me l’avait bien dit que tout est au mieux dans ce monde, car je suis infiniment plus touché de votre extrême générosité que de la dureté de ce monsieur à manteau noir.

 

Exercice B. Vérification de grammaire I

Étape 1

Ces verbes au passé simple sont dans le texte. Donnez l’infinitif.

Étape 2

Des choix donnés, choisissez le verbe au passé simple qui finit la phrase. N’utilisez chaque verbe qu’une fois.

Exercice C. Revenons au texte

Répondez aux questions suivantes avec un ou une partenaire.

  1. Pourquoi est-ce que Candide voit beaucoup de morts et de ruines autour de lui ?
  2. Pourquoi est-ce que Candide pense qu’il sera traité avec respect en Hollande ?
  3. Comment est-il traité quand il demande la charité ?
  4. Est-ce que Candide se montre particulièrement intéressé par la religion quand il parle avec l’orateur ?
  5. Que fait Jacques pour Candide dans l’extrait ?
  6. À la fin, est-ce que Candide accepte ou s’oppose à l’enseignement de Pangloss ?

Exercice D. Bavardons !

Répondez à ces questions avec un ou une partenaire.

  1. Connaissez-vous une personne (réelle ou fictive) comme Candide ? Quels sont ses qualités et ses défauts ?
  2. Au début du conte, Candide est un optimiste pur et dur à cause de l’enseignement sans nuances de Pangloss. Est-ce que vous vous considérez plutôt optimiste ou pessimiste ? Pourquoi ?
  3. Est-ce que vous préférez être entouré ou entourée de personnes plutôt optimistes ou pessimistes ? Pourquoi ?
  4. Personnellement, êtes-vous plus touché ou touchée par les gestes positifs ou les gestes négatifs des gens autour de vous ?
  5. Voltaire utilise beaucoup d’ironie dans Candide, pouvez-vous nommer des exemples d’ironie ou de satire dans cet extrait ?
  6. Le dernier paragraphe indique une distinction très précise : « un être à deux pieds sans plumes, qui avait une âme ». Sachant que Voltaire était à la fois un philosophe qui a écrit pour l’Encyclopédie des Lumières, et un auteur plein d’humour, pourquoi a-t-il inclus « sans plumes » et « qui avait une âme » ?
  7. Si vous aviez la même expérience que Candide, est-ce que vous auriez la même conclusion philosophique que lui dans cet extrait ou non ? Pourquoi ou pourquoi pas?
  8. Au fur et à mesure de ses aventures, certaines merveilleuses et certaines horribles, Candide va apprendre à penser pour lui-même et va trouver sa propre philosophie de la vie. Pouvez-vous penser à un moment de votre vie ou vous avez changé d’opinion ou de philosophie de vie ?
  9. Est-ce que vous pensez que vous avez trouvé votre véritable philosophie de la vie (religion, politique, mode de vie, relation à autrui, et cetera…) ou est-ce que vous la cherchez encore ?

Exercice E. Candide cont.

Faites les exercices ci-dessous après la lecture de cet extrait.

L’extrait suivant de Candide montre la suite des aventures de notre personnage principale. Candide et Cacambo, son compagnon de voyage, arrivent en Eldorado, un pays loin de la civilisation européenne. Candide demande à un vieil homme sage de leur parler des coutumes de l’Eldorado.

La conversation fut longue; elle roula sur la forme du gouvernement, sur les mœurs, sur les femmes, sur les spectacles publics, sur les arts. Enfin Candide, qui avait toujours du goût pour la métaphysique, fit demander par Cacambo si dans le pays il y avait une religion. Le vieillard rougit un peu. Comment donc ! dit-il, en pouvez-vous douter ? Est-ce que vous nous prenez pour des ingrats ? Cacambo demanda humblement quelle était la religion d’Eldorado. Le vieillard rougit encore : Est-ce qu’il peut y avoir deux religions ? dit-il. Nous avons, je crois, la religion de tout le monde ; nous adorons Dieu du soir jusqu’au matin. […] Je vous avoue que les gens de votre monde font des questions bien singulières.

Candide eut la curiosité de voir des prêtres ; il fit demander où ils étaient. Le bon vieillard sourit. Mes amis, dit-il, nous sommes tous prêtres; le roi et tous les chefs de famille chantent des cantiques d’actions de grâces solennellement tous les matins, et cinq ou six mille musiciens les accompagnent. —Quoi ! vous n’avez point de moines qui enseignent, qui disputent, qui gouvernent, qui cabalent, et qui font brûler les gens qui ne sont pas de leur avis ? —Il faudrait que nous fussions fous, dit le vieillard ; nous sommes tous ici du même avis, et nous [ne comprenons] pas ce que vous voulez dire avec vos moines.

Candide à tous ces discours demeurait en extase, et disait en lui-même : Ceci est bien différent de la Vestphalie et du château de monsieur le baron : si notre ami Pangloss avait vu Eldorado, il n’aurait plus dit que le château de Thunder-ten-tronckh était ce qu’il y avait de mieux sur la terre ; il est certain qu’il faut voyager.

Étape 1

Selon le texte, choisissez la bonne réponse.

Étape 2

Trouvez les formes au passé simple dans le texte pour chaque verbe à l’infinitif au-dessous.

Exercice F. Discutons !

Discutez les questions suivantes avec un ou une partenaire ou dans un petit groupe.

  1. Qu’est-ce qu’il n’y a jamais eu en enfer d’après le narrateur ?
  2. Pourquoi est-ce que Candide s’est enfui rapidement dans un autre village ?
  3. Qu’est-ce que Candide ne doutait pas quand il serait en Hollande ?
  4. Qu’est-ce qui s’est passé quand Candide a demandé l’aumône aux gens qu’il a rencontrés en Hollande ?
  5. De quoi est-ce que l’orateur parlait avant que Candide lui demande de l’aide ?
  6. Quel a été l’élément déclencheur (activateur ; qui provoque) des aventures et malheurs de Candide d’après le texte ?
  7. Pourquoi est-ce que Candide était reconnaissant envers Jacques ? Soyez précis.

Exercice G. Écrivons !

Vous avez vu plusieurs exemples du passé simple dans les textes en haut. Maintenant, transformez ces verbes que vous avez vus du passé simple au passé composé.

Exercice H. Vérification de grammaire II

Étape 1

Choisissez l’infinitif correct du verbe au passé simple des phrases suivantes. Ne choisissez chaque infinitif qu’une fois.

Étape 2

Choisissez le bon verbe conjugué au passé simple.

Étape 3

Choisissez le bon verbe conjugué au passé simple.

Créé par Clarisse Barbier Lee
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